Lors du 1er colloque international sur la problématique de l’eau en Rd Congo sur le thème « Gestion durable de la ressource « eau » du bassin du fleuve Congo : gestion intégrée, sciences, jeux et enjeux géostratégiques au 21ème siècle », tenu au Grand hôtel à Kinshasa du 8 au 12 mai 2007, le président du comité organisateur de ce colloque, le professeur docteur Valentin Kanda Nkula disait : « Les enjeux mondiaux et surtout sous-régionaux qui entourent la question de la disponibilité de l’eau douce dans la sous- région impliquant dès à présent que les riverains du bassin du fleuve Congo y soient attentifs. »
Là où le bât blesse, c’est quand le gouvernement fait la rétention de l’information sur cette question. Il ne dit rien de ce qu’il négocie sur les dos de la population.
Raymond Tshibanda
Les principes de Dublin
Il convient de rappeler un des principes de Dublin sur cette question d’eau. La Conférence internationale sur l’eau et l’environnement (ICWE) eut lieu à Dublin (Irlande du Sud), en janvier 1992, pour servir d’événement préparatoire aux problèmes des eaux, lors de la Conférence sur l’environnement et le développement des Nations Unies (UNCED) tenue à Rio de Janeiro (Brésil). L’ICWE a intégré des recommandations dans la Déclaration de Dublin pour considération par les dirigeants du monde réunis au sommet de Rio en fin de la même année. Elles sont connues sous le terme Principes de Dublin.
Que dit le Principe n°2 ? Voici le libellé de ce principe : « Le développement et la gestion des eaux devraient être basés sur une approche participative, impliquant les usagers, les planificateurs et les décideurs à tous les niveaux. L’approche participative implique la sensibilisation sur l’importance de l’eau parmi les décideurs et le grand public. Cela signifie que les décisions sont prises au niveau approprié le plus bas, avec consultation du grand public et la participation des usagers dans la planification et la mise en œuvre des projets hydrologiques. »
Le gouvernement congolais a-t-il consulté la population ? Les pêcheurs de Wagenia sont-ils au courant de ce dossier ? Ont-ils donné leur avis ? Les scientifiques congolais, toutes disciplines confondues, ont-ils étudié la question ? Ont-ils donné leur point de vue ? Les étudiants de l’Université publique de Kisangani ont-ils été approchés ? Sont-ils au courant des démarches menées par le gouvernement ? Tout le problème est là. Le gouvernement doit communiquer.
Une étude sérieuse s’impose
Sur cette question de transfert d’eau de la rivière Ubangi, un groupe des géologues rencontrés hier recommandent vivement au gouvernement de consulter les scientifiques congolais, toutes disciplines confondues, car ils estiment qu’il y a des aspects juridiques, économiques, géologiques, agronomiques, techniques…
Au niveau du lac Tchad, s’il y a transfert des eaux de l’Ubangui vers ce lac, les eaux transférées ne vont pas seulement rester à la surface du lac, ont dit les géologues. Pour que les eaux restent à la surface, il faut au préalable la sursaturation de la réserve hydrogéologique du lac, en d’autres termes, la nappe phréatique du lac doit être remplie avant de voir l’eau à la surface du lac. La question est celle-ci : « A-t-on calculé la quantité d’eau nécessaire pour constituer la réserve hydrogéologique du lac ? »
Au niveau de la rivière Ubangui, les géologues estiment qu’il y aura certainement une baisse du niveau d’eau non seulement de la rivière mais également de tous les affluents tributaires de cette rivière. Ils redoutent alors qu’en cherchant à résoudre un problème ailleurs, on en crée un autre au pays.
Plusieurs paramètres entrent en ligne de compte, estiment-ils. Avec le changement climatique, la pluviométrie n’est plus la même que celle d’il y a 20 ou 10 ans. Déjà, la pluviométrie est en baisse sensible dans la partie Est du pays. Il faudra tenir compte aussi de l’avancée du désert, car la Rd Congo n’est pas à l’abri de ce phénomène, ont déjà affirmé plusieurs experts.
Certaines personnes averties s’étonnent aujourd’hui du silence de l’actuel ministre des Affaires étrangères. Il y a quelques années, Thambwe Mwamba, alors ministre du Plan dans la formule 1+4, avait abordé la même question avec quelques partenaires de la Rd Congo. Il avait appelé à des études beaucoup plus sérieuses pour procéder au transfert des eaux de la rivière Ubangui vers le lac Tchad.
La question du transfert d’eau de la rivière Ubangui vers le lac Tchad exige une consultation nationale.
Jean- René Bompolonga